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Erge-Vraz 1790

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Inventaire de 1790

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5 .   E C O N O M I E
Difficultés d'une agriculture de subsistance.

En 1790, Ergué-Gabéric était une commune complètement rurale. Plus de 90% des habitants avaient une occupation liée à la terre. La population adulte agricole (hors domestique) était cultivateur (propriétaire) pour ses deux cinquièmes, journalier pour deux cinquièmes également et métayer pour le cinquième restant. La moyenne d'âge des ces catégories socio-professionnelles se situait aux environs de quarante ans, ce qui était relativement jeune si l'on compare au milieu agricole d'aujourd'hui.

On remarque que pour deux tiers des fermes le propriétaire était cultivateur, mais que l'autre tiers était tenu en métayage. A notre avis, il ne fallait pas voir en ce mode de tenure l'opposé économique de la location en fermage. C'était probablement un héritage des domaines congéables très courants en Basse-Bretagne, où les terres étaient concédées à un tenancier, contre des rentes en argent ou en nature et le droit pour le propriétaire de révoquer le bail, sans condition d'indemnité pour les édifices établis par le métayer (bâtiments, fossés ...).

Les domestiques de ferme, très nombreux (16% de la population totale), étaient excessivement jeunes, l'âge moyen étant de 20 ans et les âges extrêmes de 8 à 55 ans. Les femmes domestiques étaient aussi nombreuses que les hommes. Il était coutume à cette époque d'envoyer travailler des les fermes des alentours tous les garçons et filles dès leurs 11-12 ans, car lorque les parents eux-mêmes louaient leurs bras ou que la ferme était trop petite on ne gardait aucune bouche inutile à la maison, la scolarité n'étant nullement obligatoire.

Les domestiques étaient loués à l'année et négociaient leurs gages lors des foires de novembre et décembre. Les conditions de travail étaient vigoureusement discutées et soumises à une concurrence qui dépassait les frontières de la commune. On reconnaissait ainsi la richesse et l'importance d'une ferme à la valeur des domestiques et à leur nombre. Le Mélennec (7 domestiques), Poulduic (6) et Kervian (5) étaient en 1790 les fermes les plus prospères.

Certaines autres fermes, moins prospères, voire subsistant à peine, s'octroyaient une source de revenu complémentaire en prenant la garde d'un ou plusieurs nourrissons. Les enfants à garder venaient pour la plupart de la ville, et principalement de Quimper. Sur le recensement, cinq enfants en bas-âge ont été déclarés comme tels (leur nom de famille étant omis), et une dizaine d'autres nourrissons ont été également signalés.

Les journaliers (en breton : dewezhourien, ceux qui se louaient à la journée) étaient beaucoup plus dépendants à l'égard de la misère par rapport aux autres catégories sociales, surtout en temps de crise. Ces "gens de néant" représentaient en 1790 21% de la population rurale active d'Ergué-Gabéric.

Les professions artisanales ou autres n'étaient guère légion en 1790. Nous avons répertorié treize métiers dont un certain nombre avait un lien avec l'activité agricole. Les 46 artisans, parmi lesquels six seulement étaient basés au Bourg, représentaient à peine 8% de la population active.

Les potiers (4), dont certains étaient également cultivateurs ou métayers, installés à Bec-a-Menez, Kervéguen, Kervinic et Mesnaonic, occupaient une place à part. En effet la terre argileuse d'Ergué-Gabéric attira de tout temps nombre de potiers, ainsi que les faïenceries de Locmaria. M de Cambry remarqua dans son "Voyage dans le Finistère en 1794 et 1795" de "petites manufactures de grosse poterie et de vases de grai" sur le territoire d'Ergué-Gabéric.

Les meuniers (9) de Meil-Kergonan, Meil-Faou, Meil-Jet, Meil-Kerfort, Meil-Kernaou, Meil-Mezanlez, Meil-Coat-Piriou, Meil-Pouïl et Meil-Pont-ar-Marc'hat étaient suffisamment nombreux et dispersés pour moudre le grain apporté par les agriculteurs de la commune. Les deux moulins les plus florissants semblaient être ceux de Pont-ar-Marc'hat sur le Jet et Coat-Piriou sur l'Odet dont les meuniers étaient déclarés citoyens actifs, et où les domesriques étaient respectivement au nombre de deux.

Les aubergistes du Bourg (2), Goulé-quéau (1), Kerdévot (1), la Ville-Neuve (1), Lostarguillec (1) étaient installés dans la partie est de la commune, où ils subissaient sans doute moins la concurrence de la ville de Quimper. Il est curieux de constater que les auberges n'étaient pas forcément situées le long des routes principales de Coray ou d'Elliant.

Un dernier mot à propose des "coureuses" de Kerellou, dont une était qualifié "d'imbecille" dans le recensement de 1790. Ces deux femmes exerçaient vraisemblablement le plus vieux métier du monde. En 1791, l'une d'elle, dite "fille de mauvaise vie", était l'objet d'une supplication dans laquelle le maire d'Ergué-Gabéric portait plainte au Directoire du district de Quimper pour les raison suivantes :

"1) elle n'est pas originaire de notre commune

 2) elle a la vérole

 3) elles se lave dans neuf fontaines dans la persuasion de se guérir, superstition

     elle est de mauvais exemple

     elle a eu un enfant

*

* * *

En conclusion, l'activité de la population d'Ergué-Gabéric en 1790 était essentiellement agricole. Aux cultivateurs et métayers qui exploitaient avec peine et misère leur ferme s'ajoutait une population trois fois plus nombreuse de domestiques et journaliers qui louaient leur force de travail aux premiers. Les artisans et autres professions étaient largement minoritaires, pour la bonne raison que, dans les conditions difficiles de cette fin de 18e siècle, l'agriculture constituait une économie de subsistance.