Les membres du Clergé résidant à Ergué-Gabéric en 1790, au nombre de six, avaient gardé plus d'influence que les nobles auprès de la population, mais la Révolution Française leur portait un coup terrible.
On remarque un clerc dit "tonsuré", agé de 18 ans, demeurant au presbytère du Bourg. La tonsure, cérémonie religieuse par laquelle on avait marqué son entrée dans l'état écclésiastique en lui coupant des mèches de cheveux sur le sommet de la tête, était certainement très récente pour ce jeune prêtre qui sortait tout juste du séminaire.
En dehors de recteur (Alain Dumoulin), du "curé" (vicaire de l'époque) et d'un prêtre auxiliaire, chargés de l'administration de la paroisse, vivants tous au presbytère et aidés de la nièce du recteur et de deux domestiques, on comptait également deux autres prêtres qui demeuraient chez leurs soeurs respectives, l'un au Bourg, l'autre à Rubernard.
On voit que le recteur n'était pas tout le Clergé de la paroisse. Il était entouré de ministres subalternes, besogneux et ignorants. Certains vivaient avec leur famille ou belle-famille comme M. Huitric qui devait participer comme un autre aux travaux agricoles de la ferme de Rubernard.
En 1791, aucun prêtre de la paroisse d'Ergué-Gabéric n'avait prêté serment à la Constitution Civile du Clergé. La municipalité, craignant que la paroisse vint à être privée des secours spirituels, écrivit aux administrateurs du Département une lettre dans laquelle elle demandait qu'ils soient tout de même autorisés, le recteur y compris, à continuer d'exercer leur fonction.
Cette délibération ne fut pas approuvér et donna lieu à l'élection du sieur Yven comme curé constitutionnel. Dumoulin traita ce dernier d'intrus, lequi lui écrivit : "Ne trouvez pas mauvais que je vous avertisse charitablement de quitter ma paroisse le plus tôt possible". Le digne recteur contestataire se cacha près de Kerdévot et y assura clandestinement le culte. Le 27 fructudor an IV, il organisa une procession autour de la chapelle. Quelqu'un porta plainte :
"Je vous signale qu'au mépris des lois, le prêtre a été escorté pendant la procession par des gendarmes armés de sabres. On prétend même que le clocher était décoré d'un drapeau blanc. Lorsque la cérémonie fut finie, les gendarles ont été régalés au cabaret et à discrétion".
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Le 8 floréal an III (29 avril 1795) la chapelle de Kerdévot et celle de St-Guénolé furent confisqués à l'Eglise et vendues aux enchères publiques en tant que biens nationaux. La première, estimée à 800 livres, fut adjugée pour 6000 livres au citoyen Jérôme Crédou, cultivateur à Crec'h-Ergué. La deuxième, estimée à 400 livres, devint la propriété d'Alain Rannou, cultivateur à Kerurvois-Kerdévot, pour 630 livres.
Les deux acquéreurs tenaient une place importante parmi les notables d'Ergué-Gabéric. L'un et l'autre étaient répertoriés comme citoyens actifs et étaient assistés pour l'exploitation de leur ferme de plusieurs domestiques. Peut-être, avaient-ils l'intention, en achetant les chapelles, relativement éloignés de leurs domiciles respectifs, de récupérer les pierres de taille, comme cela s'est fait en d'autres lieux.
Toujours est-il que les édifices religieux furent restitués à la commune quelques années plus tard. Jérôme Crédou affirmait en 1804 qu'il b'avait acquis la chapelle de Kerdévot "que pour empêcher la profanation de la dite église qui pouvait être utile à la dite commune d'Ergué-Gabéric". Mais à trop l'avoir répété, son honneteté a perdu un peu de spontanéité.
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