0%
loading
  

Sujets :

Cognard+Jeannès

a. Patronymes

b. Recherches

c. Ascendance

d. Téléchargements


Chroniques

a. Kerothèque

b. Ludothèque

c. Sonothèque

d. Photothèque


Erge-Vraz 1790

a. Recherches

b. Parcelles

c. Pages Doc

Inventaire de 1790

Précédent
[Précédent]
Sommaire Article [Sommaire]
Suivant
[Suivant]

3 .   H I S T O I R E

Fuite des nobles et résistance du Clergé.

Le recensement d'Ergué-Gabéric en 1790 fut réalisé à un tournant de l'Histoire, celui du renversement de la trilogie : Noblesse, Clergé, Tiers-Etat. Une année plus tôt, c'était l'ébranlement sur tout le territoire national de l'équilibre social et économique basé sur la hiérarchie des trois ordres au profit de l'idée de Révolution.

La noblesse d'Ergué-Gabéric n'était guère nombreuse en 1790. On ne comptait que deux familles de gentilhommes en déclin : les De La Marche du manoir de Lézergué et les Gélin de la métairie de Pennarun.

Manifestement leur condition sociale était plutôt modeste par rapport à ce qu'elle fut dans l'Ancien Régime. A Pennarun, Madame veuve Gélin, avec sous son toit un fils et quatre filles, était servie par une cuisinière et deux domestiques. Les De La Marche, père (70 ans et veuf) et fils (35 ans, enore célibataire), n'avaient qu'un domestique au chateau, et un métayer pour s'occuper de la ferme de Lézergué.

les deux familles ne tardèrent pas à émigrer à l'étranger. Les manoirs de Kernaou (propriété des De La Marche) et de Pennarun firent partie des biens nationaux, c'est-à-dire qu'ils furent cédés à des agriculteurs de la commune pour un prix intéressant. Curieusement celui de Lézergué ne fut vendu qu'en novembre 1808, alors que Joseph-Louis De La Marche s'était installé à l'île Grand-Terre en Guadeloupe. En 1800, le manoir était occupé par Joseph Even, "lequel y demeurait en qualité de gardien seulement, sans bail authentique ni ferme annale".

Les membres du Clergé résidant à Ergué-Gabéric en 1790, au nombre de six, avaient gardé plus d'influence que les nobles auprès de la population, mais la Révolution Française leur portait un coup terrible.

On remarque un clerc dit "tonsuré", agé de 18 ans, demeurant au presbytère du Bourg. La tonsure, cérémonie religieuse par laquelle on avait marqué son entrée dans l'état écclésiastique en lui coupant des mèches de cheveux sur le sommet de la tête, était certainement très récente pour ce jeune prêtre qui sortait tout juste du séminaire.

En dehors de recteur (Alain Dumoulin), du "curé" (vicaire de l'époque) et d'un prêtre auxiliaire, chargés de l'administration de la paroisse, vivants tous au presbytère et aidés de la nièce du recteur et de deux domestiques, on comptait également deux autres prêtres qui demeuraient chez leurs soeurs respectives, l'un au Bourg, l'autre à Rubernard.

On voit que le recteur n'était pas tout le Clergé de la paroisse. Il était entouré de ministres subalternes, besogneux et ignorants. Certains vivaient avec leur famille ou belle-famille comme M. Huitric qui devait participer comme un autre aux travaux agricoles de la ferme de Rubernard.

En 1791, aucun prêtre de la paroisse d'Ergué-Gabéric n'avait prêté serment à la Constitution Civile du Clergé. La municipalité, craignant que la paroisse vint à être privée des secours spirituels, écrivit aux administrateurs du Département une lettre dans laquelle elle demandait qu'ils soient tout de même autorisés, le recteur y compris, à continuer d'exercer leur fonction.

Cette délibération ne fut pas approuvér et donna lieu à l'élection du sieur Yven comme curé constitutionnel. Dumoulin traita ce dernier d'intrus, lequi lui écrivit : "Ne trouvez pas mauvais que je vous avertisse charitablement de quitter ma paroisse le plus tôt possible". Le digne recteur contestataire se cacha près de Kerdévot et y assura clandestinement le culte. Le 27 fructudor an IV, il organisa une procession autour de la chapelle. Quelqu'un porta plainte :

"Je vous signale qu'au mépris des lois, le prêtre a été escorté pendant la procession par des gendarmes armés de sabres. On prétend même que le clocher était décoré d'un drapeau blanc. Lorsque la cérémonie fut finie, les gendarles ont été régalés au cabaret et à discrétion".

Le 8 floréal an III (29 avril 1795) la chapelle de Kerdévot et celle de St-Guénolé furent confisqués à l'Eglise et vendues aux enchères publiques en tant que biens nationaux. La première, estimée à 800 livres, fut adjugée pour 6000 livres au citoyen Jérôme Crédou, cultivateur à Crec'h-Ergué. La deuxième, estimée à 400 livres, devint la propriété d'Alain Rannou, cultivateur à Kerurvois-Kerdévot, pour 630 livres.

Les deux acquéreurs tenaient une place importante parmi les notables d'Ergué-Gabéric. L'un et l'autre étaient répertoriés comme citoyens actifs et étaient assistés pour l'exploitation de leur ferme de plusieurs domestiques. Peut-être, avaient-ils l'intention, en achetant les chapelles, relativement éloignés de leurs domiciles respectifs, de récupérer les pierres de taille, comme cela s'est fait en d'autres lieux.

Toujours est-il que les édifices religieux furent restitués à la commune quelques années plus tard. Jérôme Crédou affirmait en 1804 qu'il b'avait acquis la chapelle de Kerdévot "que pour empêcher la profanation de la dite église qui pouvait être utile à la dite commune d'Ergué-Gabéric". Mais à trop l'avoir répété, son honneteté a perdu un peu de spontanéité.