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Erge-Vraz 1790

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Inventaire de 1790

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1 .   O N O M A S T I Q U E

Des villages, des noms et des prénoms.

L’onomastique est la science qui se donne pour objet l’étude des noms propres. Elle se subdivise en plusieurs branches, dont les plus importantes pour l’historien sont consacrées aux noms de lieux et de personnes, et portent les noms respectifs de toponymie et d’anthroponymie.

Le recensement de 1790 contient 116 noms de lieux-dits sur la commune d’Ergué-Gabéric, soit un nombre plus que suffisant pour une étude de toponymie. Cela représente 70% de la liste constituée en 1978 par Bernez Rouz sur la base du cadastre de 1962, de la nomenclature des écarts et lieux-dits de l’INSEE de 1946, et du cadastre de 1834 (Hor Yezh n. 122 : «Anviou-lec’h an Erge Vras»).

Et pourtant la commune n’était pas aussi étendue qu’elle ne l’est aujourd’hui. Toute la partie sud-ouest (actuellement le quartier du Rouillen) manquait à l’appel en 1790. En effet, le manoir du Cleuziou (ou Cleuyou), la métairie de Kerampensal, le village de Kerellan, le parc Pont-Audet (ou Pont-Odet) faisaient partie de Lanniron. Par contre, un peu plus au nord, le village de Kerurvois, autrefois sur la paroisse de Cuzon, était qualifié en 1790 de Kerurvois-Bas-Ergué (par opposition à Kerurvois-Kerdévot).

La paroisse était divisée en dix parcelles de superficie plus ou moins égale, division qui n’est pas sans rappeler l’administration plus ancienne des trèves (« Tréo » en breton). Celles-ci étaient des territoires intra-communaux où il existait une église ou une chapelle soumise à la conduite spirituelle d’un curé.

Parmi les dix parcelles de 1790, on pouvait noter au moins huit trèves possibles :

  • Saint-Guénolé avec la chapelle du même nom.

  • Sulvintin avec la chapelle disparue de Sainte-Appoline.

  • Le Bourg avec l’église Saint-Guinal.

  • Guilly-Huec avec la chapelle disparue de Saint-Joachim (sur les terres du manoir de Lezergué).

  • Guilly-Houarn avec la chapelle de St-André.

  • Daou-Dour avec la chapelle disparue de Saint-Gildas.

  • Kergonan, sans aucune chapelle connue, mais par contre un champ dénommé « Leurguer an iliz » dans le cadastre de 1834.

La parcelle de Daou-Dour, regroupant les villages de Loqueltas et de Kerdiles, était située (et son nom l’indiquait bien) entre deux cours d’eau : le Jet et le ruisseau qui arrose Meil-Faou. L’expression « Tréo-an-Daou-Zour » n’est utilisée de nos jours que par quelques anciens de la commune. Il en est de même pour «Treo-Botsuzic», trève qui s’étendait de Pennervan au Mélennec, mais pour laquelle on ne situe pas le lieu de dévotion.

Les seuls noms de lieux-dits traduits en français en 1790 étaient la « Salle-Verte » et la « Ville-Neuve ». « Chevardiry », du latin «Sutorum (cuir, cordonnier), est l’exception à la règle qui veut que tous les toponymes d’Ergué-Gabéric sont des noms bretons. On remarque aussi que les particules « Grand », « Petit », « D’en bas » ou « Moulin de » ont toutes été données en français, ce qui ne devait certainement pas correspondre à la prononciation locale. Si les lecteurs veulent des explications supplémentaires sur les toponymes d’Ergué-Gabéric, nous leur conseillons l’étude de Bernez Rouz citée plus haut.

Les 116 lieux-dits étaient habités en 1790 par 1609 habitants, ce qui fait en moyenne 14 personnes par village. Les patronymes des Ergué-Gabéricois représentaient 289 noms de familles, soit entre 5 et 6 membres par famille (au sens large). Certains noms regroupaient jusqu’à 43 personnes (les Huitric), 39 (Le Berre et Lozeac’h), 38 (Barré), 29 (Le Meur), 27 (Pennanec’h). Cette situation reflétait certainement une société endogamique où les mariages consanguins ne devaient pas être rares.

Beaucoup plus mobiles qu’aujourd’hui, au 18ème siècle les domestiques et les journaliers quittaient leur village et cherchaient occasionnellement du travail dans les paroisses voisines. Mais le lieu de provenance était une marque constante, puisque certains se sont vus affublés du nom de la paroisse d’origine, d’abord comme sobriquet, ensuite comme nom officiel. Témoins nombreux les Briec (1), les Cuzon (10), les Coray (13), les Trégourez (1) et les Pleuven (5) qui vivaient à Ergué-Gabéric en 1790.

La plupart des noms portés sur le recensement avaient à l'époque une racine et une orthographe bretonne (plus de 60% des noms répertoriés). Les patronymes étaient loin d'être systématiquement traduits en français, et seuls des noms comme Le Grand (12) ou Le Page (4) ont été des contrexemples isolés, bien qu'on trouvait encore de nombreu Le Bras (9), Le Meur (29) et Le Floc'h (8). La seule traduction généralisée a été l'ajoût du préfixe "Le" devant la majorité des noms.

Un nom a attiré notre attention : Gabélic, car il nous a rappelé celui de la nobre famille de Lezergué qui fonda en des temps reculés la commune d'Ergué-Gabéric. En effet, en 1790, vivaient à Guilly-Vian une journalière, Marie Gabélic veuve Cuzon, et sa fille. Cette constatation ne prouve rien, si ce n'est le fait qu'une branche des Cabellic du 13e siècle (dont nous connaissons "Yvo bono vite" evèque de Quimper de 1267 à 1279) a donné le patronyme Gabélic. Il contribuera peut-être également à retracer un jour la généalogie de cette grande famille.

Les prénoms des Ergué-Gabéricois en 1790 n'étaient ni originaux, ni typiques, ni très variés. D'après le recensement, tous les prénoms avaient une orthographe française, mais pour un nombre important d'entre eux on devine facilement la prononciation bretonne : Mar'jan au lieu de Marie-Jeanne.

Pour les femmes, il est surprenant de noter que la moitié d'entre elles portaient un prénom composé de Marie : Marie-Jeanne (77), Marie-Anne (45), Marie-Catherine (42), ou Marie (152). Ensuite venaient dans l'ordre Jeanne (74), Anne (62), Françoise (42), Catherine (38), Barbe (27), et Louise (25). Parmi les prénoms peu courants ou pittoresques figuraient Céleste, Adelise, Julienne, Scholastique, Guillemette ...

Les prénoms masculins étaient beaucoup plus variés, à l'exclusion du prénom Jean qui était porté par un homme sur cinq. On dénombrait également Alain (55), Louis (52), François (51), Yves (50) et Hervé (46). Curieusement les Pierre étaient moins nombreux et on s'appelait aussi Guinal (saint patron de la paroisse d'Ergué-Gabéric), Mathurin, Prigent, Toussaint ...