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Recensement 1790

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Recensement 1790
Un recensement inédit à Ergué-Gabéric en 1790
Bulletin municipal de Décembre 1982


 « … Combien et pourquoy … » Vauban (1633-1707)


L’opération qui consiste à démembrer tous les êtres humains présents, à un instant donné et sur un territoire limité, peut paraître simple aujourd’hui. En fait, elle n’a été systématiquement et complètement réalisée en France que très tardivement.

Le premier recensement général de la population française remonte à 1801. Un second suivit en 1806. A partir de 1821, la périodicité quinquennale fut définitivement établie jusqu’en 1936 et de huit ans depuis 1946 (à l’exception de 1968).

Auparavant, dans l’Ancien Régime, on n’organisa que quelques dénombrements incomplets dont la motivation première était la fiscalité et le renflouement des caisses royales. Malgré les efforts de Vauban à la fin du 17e siècle pour rationaliser les techniques de recensement, les intendants du Royaume ne donnèrent que des renseignements approximatifs et très insuffisants pour cerner la structure des populations et l’évolution démographique.

Le recensement d’Ergué-Gabéric en 1790 surprend par contre par la précision et le volume des informations collectées. Il n’a certes pas été présenté sur des tableaux avec colonnes pré-imprimées suivant la méthode préconisée par Vauban, mais sous le titre « Etat exact de la population de la paroisse d’Ergué-Gabéric », il a été dressé une liste longue de 50 pages manuscrites au format 19cm x 26cm.

Le dénombrement qualifié d’exact précise pour chaque habitant (ou âme, terme sans référence religieuse, mais qui sous-entend bien de profondes inégalités sociales) :

  • Les noms et prénoms (noms de jeune fille pour les femmes mariées).

  • L’état matrimonial (veuf, marié ou à défaut de précision : célibataire).

  • La relation de parenté vis-à-vis du chef de famille (fils, nièce, cousin, frère, tante …)

  • Le métier exercé (uniquement pour les chefs de famille et les domestiques).

  • La qualité d’actif ou d’inactif (notion fiscale et politique).

Dans un souci admirable de clarté et de méthode, la personne chargée du recensement a regroupé les habitants par :

  • Foyer fiscal ou feu (gens vivant sous le même toit).

  • Lieu-dit (ferme ou village).

  • Parcelle (ancienne trêve autour d’une église ou chapelle).

Le manuscrit, conservé aux Archives Départementales du Finistère sous le numéro 10 L 168, a été découvert un peu au hasard de nos recherches historiques. A notre surprise, la série L contient d’autres « états exacts » des populations des paroisses du Finistère datés de 1790. Toutes les communes n’y figurent pas (de nombreux documents de l’époque ont malheureusement disparu). Sans aucun doute, l’initiative du dénombrement ne fut pas décidé par une quelconque autorité locale, mais était plutôt inscrite dans le cadre d’une politique nationale définie par les nouvelles institutions révolutionnaires.

Le document inédit a été écrit de la main d’un seul homme, sans doute le commissaire-greffier Hervé Lizien, agriculteur au Mélennec. Par rapport à l’orthographe que nous connaissons aujourd’hui , il semble prendre quelques licences. Mais les règles de langue française n’étaient pas encore fixées – elles ne le furent qu’au 19e siècle – et on écrivait comme on prononçait, et cela dans toutes les classes de la société : nobles, prêtres et même littérateurs. Il faut ajouter que le nombre des habitants ne fut pas calculé avec rigueur dans toutes les parcelles du recensement, et l’effectif total de la paroisse a été surévalué de trois : 1612 au lieu de 1609 (l’ordinateur n’existait pas alors !).

Mais le document, par son caractère exhaustif et nominatif, est néanmoins chargé d’enseignements extrêmement intéressants. Nous l’étudierons successivement sous les angles onomastiques (étude des noms de lieux-dits et de personnes), démographique, historique, politique (fiscale et électorale) et enfin économique.

S O M M A I R E

  1. ONOMASTIQUE – Des villages, des noms et des prénoms.

  2. DEMOGRAPHIE – Une pyramide des âges grignotée.

  3. HISTOIRE – Fuite des nobles et résistance du Clergé.

  4. POLITIQUE – Une nouvelle assemblée municipale.

  5. ECONOMIE – Difficultés d’une agriculture de subsistance.

Jean Cognard